Shadow AI : Une utilisation non autorisée des modèles intelligents

Protégez vos données des LLM

2/7/2025

7 mn

de lecture

Pierre Launay

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Shadow AI : Une utilisation non autorisée des modèles intelligents

Et si vos employés utilisaient déjà massivement l'intelligence artificielle à votre insu ? Non, ce n’est pas une fiction futuriste, mais un scénario bien réel. 38 % des employés partageraient des informations sensibles avec l’IA … sans l’accord de leur employeur. C’est le shadow AI. Face à ce phénomène en pleine expansion, les entreprises se trouvent confrontées à un dilemme : comment concilier innovation et maîtrise des risques ? Tout commence par une prise de conscience. 

Qu’est-ce que Shadow AI ? 

Le Shadow AI désigne l'utilisation non supervisée d'outils d'intelligence artificielle par les collaborateurs, sans l'autorisation ni la connaissance des équipes informatiques.

Comment ça se manifeste ? Imaginez un responsable marketing qui sollicite ChatGPT pour peaufiner ses campagnes publicitaires, en lui partageant ses données commerciales. Cette utilisation semble anodine. Mais si elle échappe totalement à la supervision de l'organisation, ça peut poser problème. La preuve avec Samsung. 

L’exemple de Samsung

ChatGPT et autres LLM permettant des gains de productivité exponentiels, Samsung n’a pas hésité à autoriser ces outils au sein de ces services. Mais de manière contrôlée. En effet, le constructeur sud-coréen avait déployé ChatGPT uniquement dans quelques services, avec des directives claires sur la protection des informations sensibles. Malgré ces garde-fous, l'expérience a viré au cauchemar sécuritaire. Notamment à travers 3 incidents : 

  • Un développeur, confronté à un dysfonctionnement dans un programme de téléchargement de base de données, a copié l’intégralité du code source dans ChatGPT pour obtenir une solution. 
  • Un collaborateur, souhaitant optimiser du code, a transmis toutes les informations techniques nécessaires à l'IA pour qu'elle puisse l'assister.
  • Un employé a converti l'enregistrement d'une réunion confidentielle et l'a soumis à ChatGPT en demandant une synthèse sous forme de présentation.

Ces négligences ont provoqué des fuites majeures dans le secteur stratégique des semi-conducteurs. 

Alors oui, Samsung avait pris ses précautions en restreignant l'accès à une partie seulement de ses employés. Mais les dangers du shadow AI sont insidieux. 

Si la mésaventure peut servir de leçon, elle peut arriver à toutes les entreprises. Et sous différentes formes. Par exemple : 

  • des conseillers clients qui interrogent des chatbots non autorisés, 
  • des analystes qui utilisent des modèles d'apprentissage automatique externes pour traiter des données propriétaires, 
  • des équipes marketing qui déploient des outils d'automatisation parallèles, 
  • des collaborateurs qui créent des visualisations avec des plateformes IA non validées. 

Chaque usage représente une porte d'entrée potentielle vers des violations de données ou des compromissions sécuritaires.

Shadow AI vs Shadow IT 

L’utilisation non autorisée d’une technologie n’est pas nouvelle. Avant même le développement de l’intelligence artificielle, les entreprises étaient confrontées au shadow IT. Il s’agit de l'ensemble des technologies déployées en entreprise sans validation officielle. Par exemple : l'usage de services de stockage cloud personnels comme Dropbox ou Google Drive, l'adoption d'outils de gestion de projet non validés comme Trello, ou encore l'installation de logiciels de communication parallèles. 

Cette pratique naît généralement de la frustration des collaborateurs face à des solutions jugées inadaptées ou des processus d'approbation trop longs. 

En se centrant exclusivement sur les technologies d'intelligence artificielle, le shadow AI n’est qu’une sous-catégorie spécialisée du shadow IT. 

Mais les enjeux diffèrent. D’un côté, le shadow IT pose des questions de gouvernance technique et de sécurité réseau. De l’autre, le Shadow AI introduit des problématiques liées à la gestion algorithmique, à la fiabilité des résultats générés, aux biais décisionnels et bien sûr au partage de données. 

Pourquoi l’IA fantôme se développe-t-elle aussi vite ? 

En 2024, 96 % des organisations utilisent l’intelligence artificielle. Un chiffre énorme qui s’explique en grande partie par l'accessibilité des outils IA. La barrière à l'entrée s'évapore. Contrairement aux technologies complexes nécessitant des compétences techniques pointues, les plateformes de type ChatGPT, Claude ou Midjourney proposent des interfaces intuitives accessibles au premier clic. 

À cela s’ajoute une quête d'efficacité face aux lourdeurs organisationnelles. Les collaborateurs découvrent dans l'IA un moyen de contourner les contraintes bureaucratiques qui ralentissent leur quotidien. Pourquoi attendre des semaines la validation d'un nouvel outil quand ChatGPT peut instantanément automatiser la rédaction de rapports, optimiser des campagnes marketing ou analyser des données commerciales ? 

Pas étonnant que le shadow AI se développe. 

Mais si, sur le papier, ces technologies paraissent révolutionnaires, elles présentent aussi de nombreux risques 

Quels sont les risques du Shadow AI ? 

L'explosion du Shadow AI s'accompagne de menaces majeures qui dépassent largement les simples considérations techniques : 

  • Fuites de données et compromissions sécuritaires : chaque prompt mal maîtrisé peut transformer un collaborateur en vecteur de compromission, exposant codes sources, stratégies commerciales ou données clients sans même qu'il en ait conscience.
  • Sanctions réglementaires et amendes colossales : l'usage non supervisé d'outils IA expose les organisations à des violations massives du RGPD et autres réglementations sectorielles. Les sanctions financières peuvent atteindre 20 millions d'euros ou 4 % du chiffre d'affaires annuel mondial.
  • Incohérences opérationnelles et dysfonctionnements : quand chaque département adopte ses propres solutions IA, l'entreprise se fragmente en îlots technologiques incompatibles. Ces disparités génèrent des résultats contradictoires qui paralysent la prise de décision et minent l'efficacité globale. 
  • Dégradation de l'image de marque : l'utilisation d'IA non maîtrisée peut produire des contenus de qualité médiocre qui ternissent la réputation de l’entreprise. Et ça arrive même aux plus grands, comme Sports Illustrated, épinglé pour avoir publié des articles générés artificiellement par des auteurs qui n’existent pas.

Comment limiter les risques de l’IA fantôme ? 

Face à l'ampleur du phénomène, quelle stratégie adopter pour maîtriser le Shadow AI sans brider l'innovation ? Plusieurs approches se dessinent, mais toutes ne se valent pas.

L'interdiction pure

Bannir totalement l'usage de l'IA générative s'avère non seulement illusoire, mais contre-productif. Cette posture rigide pousse les collaborateurs vers encore plus de dissimulation. L’usage transparent se transforme en pratiques souterraines incontrôlables. 

Finalement, c’est peut-être la meilleure manière d’encourager le shadow AI. 

L'accompagnement intelligent 

L'approche la plus prometteuse consiste à canaliser cette énergie créatrice plutôt qu'à la réprimer. Commencez par identifier les besoins exprimés par les équipes et déployez des solutions supervisées répondant à ces attentes. 

Plutôt que de subir le Shadow AI, l'organisation anticipe et structure l'adoption technologique.

Pour que cela fonctionne, mettez en place un cadre de gouvernance flexible. Ce framework doit définir clairement les outils autorisés, les protocoles de traitement des données sensibles et les règles éthiques d'utilisation. 

Vous pouvez aussi utiliser des environnements sandbox pour expérimenter en toute sécurité. Sans oublier d’ajouter des garde-fous techniques qui bloquent l'accès aux plateformes non validées.

La sensibilisation 

La formation représente le levier le plus puissant pour transformer les menaces en opportunités. 

Une charte d'utilisation co-construite avec les équipes génère une adhésion naturelle aux bonnes pratiques. Cette démarche pédagogique doit s'accompagner de communications régulières : newsletters, formations trimestrielles, retours d'expérience partagés.

Mais attention, la sensibilisation ne fonctionne pas à elle-seule pour éviter le shadow AI (souvenez-vous de Samsung). 

Formez vos collaborateurs à l’IA

La surveillance et le dialogue continu

La surveillance réseau permet de détecter les usages non autorisés sans pour autant adopter une posture punitive. Ces outils de monitoring, couplés à des audits réguliers, offrent une visibilité sur les pratiques réelles. Et ce, tout en maintenant un dialogue constructif entre services informatiques et équipes opérationnelles.

L'objectif ? Cultiver une culture d'utilisation responsable où l'innovation rime avec sécurité, où la créativité s'épanouit dans un cadre maîtrisé.

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Sébastien Trillot
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